… qui a si bien compris l’économie numérique!
Ce 31 août 2013 à 15h45, l’écrivain belge Thomas Gunzig a laissé le commentaire suivant sur un site qui avait piraté son dernier ouvrage, « Manuel de survie à l’usage des incapables »:
tweet de Thomas Gunzig
Voilà un auteur qui a tout compris!

En 2002 déjà, Tim O’Reilly, dans un excellent article, se demandait si, finalement, il ne fallait pas considérer le piratage comme une sorte de taxation progressive. Il développait le raisonnement suivant:

  1. Pour un écrivain, l’obscurité est pire que le piratage. Et Dieu sait combien il est difficile pour un nouvel auteur de se démarquer de la foule immense de ses pairs…
  2. Le piratage, selon Tim O’Reilly, peut être assimilé à une taxation progressive, puisque, a priori, les hackers seront plus tentés de pirater des oeuvres connues, pour lesquelles existe une certaine demande, que de totales inconnues. Etre piraté représenterait donc une sorte de « couronnement ».
  3. La plupart des clients ne trichent que s’ils s’y sentent poussés. Tim O’Reilly explique que, en maintenant un prix raisonnable pour les versions numériques de ses livres, il constate que, pour la plupart, ses clients estiment « juste » de payer ceux-ci. Son expérience montre que, finalement, les sites les plus « agressifs » en terme de piratage sont situés dans des pays où les versions papier de ses ouvrages ne sont pas disponibles, et où la population n’aurait de toute façon pas les moyens de les acheter. Comme Chris Anderson, dans « Free! Entrez dans l’économie du gratuit », Tim O’Reilly a constaté que la mise sur le marché des versions numériques de ses ouvrages papier n’avait pas fait baisser les chiffres de vente des versions papiers, au contraire. Plus fort, et Tim O’Reilly et Chris Anderson rapportent quantité d’exemples où la mise à disposition gratuite en version digitale de certains ouvrages a entraîné de significatives hausses des ventes d’ouvrages associés (soit du même auteur, soit sur le même sujet). A titre personnel, nous confirmons que, le rapport qualité-prix des ouvrages des éditions O’Reilly étant on ne peut plus correct (non, nous n’avons aucune commission sur les ventes que ce commentaire pourrait engendrer! ;-)), les équipes techniques des Editions des 3 hibouks ont effectivement consommé allègrement ces ouvrages, sans jamais rechigner à y mettre le prix demandé. Et nous pouvons aussi confirmer qu’il y en a plusieurs que nous n’aurions probablement jamais découverts, ou peut-être pas achetés, s’ils n’avaient été disponibles qu’en version papier.

Aux Editions des 3 hibouks aussi, nous avons été confrontés au piratage de certains de nos ouvrages, dont certains fichiers se sont retrouvés sur un site chinois. Site dont nous n’avons d’ailleurs jamais bien compris l’objectif, car son moteur de recherche était incapable de retrouver le moindre ouvrage, même en y introduisant le titre exact ou le nom de l’auteur. Lorsque nous avons tenté de remplir la page de contact, qui indiquait qu’il était possible à un auteur de leur demander de retirer ses ouvrages de leur site, il était obligatoire d’introduire notre adresse email, et, comme par hasard, l’envoi de notre message se soldait par un message d’erreur, indiquant que notre plainte n’avait pu être envoyée et nous invitant à recommencer. Prudents, nous avions heureusement indiqué une adresse email « poubelle », créée uniquement pour ce genre d’utilisation. Nous nous attendions à recevoir, dans les jours ou semaines suivants, l’un ou l’autre mail problématique à cette adresse. Près de six mois après, nous n’y recevons pas plus de spams qu’avant. Si quelqu’un a une explication et peut nous expliquer l’intérêt, pour leur concepteur, de ces sites, merci d’avance!

Nous n’avons pas non plus constaté plus de piratage des versions numériques que des versions papiers de nos ouvrages. A la grande époque de Mega Upload, certains sites très fréquentés proposaient, par l’intermédiaire de cette plateforme, autant de copies de versions papiers que de versions numériques. Nous n’avons plus suivi l’évolution de ces sites depuis un certain temps, mais nous pouvons juste constater que le piratage que nous avions subi concernait des fichiers pdf envoyés à www.lulu.com pour la réalisation de versions papier, alors que nous n’avons pas encore identifié de cas de piratage de nos versions électroniques disponibles sur Amazon et sur l’iBookstore.

Voilà pourquoi nous tenions à manifester notre respect devant la réaction si mûre de Thomas Gunzig qui:

  1. a l’intelligence de pratiquer une politique de prix tout-à-fait raisonnable sur ses versions digitales (4.99€ pour son dernier ouvrage)
  2. a compris que le piratage pouvait augmenter sa visibilité; c’est fait: grâce au buzz autour de son commentaire cité ci-dessus, nous venons d’acheter son livre! 🙂

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