You are currently viewing Le « circuit court » de l’édition: directement de l’auteur au lecteur

Ce n’est un secret pour personne: le monde de l’édition a connu ces vingt dernières années une profonde mutation. Qu’on le regrette ou qu’on s’en réjouisse, impossible de le nier. En facilitant l’auto-édition, Amazon a favorisé l’émergence d’une multitude d’ouvrages, faisant exploser d’année en année le nombre de livres publiés, avec des qualités très variables, de véritables pépites côtoyant des textes pitoyables et toute la gamme entre ces deux extrêmes. D’abord frileux, le lecteur a appris à trouver son chemin dans la jungle des « auto-édités » et à y faire le tri.

Après l’euphorie de la libération du carcan des éditeurs traditionnels, certains auteurs ressentent néanmoins le besoin d’aller plus loin dans leur autonomie et recherchent des solutions alternatives pour court-circuiter les derniers intermédiaires entre eux et leurs lecteurs. Comme le monde agricole, certains écrivains sont maintenant en demande de « circuits courts » de l’édition.

Mais reprenons depuis le début.


1. L’édition « traditionnelle »

écrivain

Jusqu’il y a 10 ou 20 ans, l’auteur qui souhaitait diffuser ses écrits n’avait pas d’autre choix que de confier ceux-ci à un éditeur. À condition, bien sûr, d’en dénicher un qui trouve ces écrits suffisamment intéressants pour prendre le risque financier d’y affecter les ressources nécessaires:

  • un correcteur pour retravailler le texte, qu’il s’agisse de l’orthographe, du style, de la cohérence ou de la dynamique du récit
  • un graphiste pour la couverture et/ou la mise en page
  • un imprimeur pour la production d’un certain nombre d’ouvrages
  • un service de communication pour en assurer la promotion.

présentation du livre par l'éditeur

De son côté, le lecteur en quête d’un nouveau livre, s’il ne souhaitait pas l’emprunter en bibliothèque mais l’acheter, n’avait pas d’autre choix que de se rendre dans sa librairie préférée, y musarder en quête de sa prochaine lecture ou demander conseil au libraire.

librairie

Entre l’éditeur et le libraire, plusieurs intermédiaires se partageaient l’indispensable logistique pour acheminer les livres dans leurs points de vente.

chaîne du livre de l'édition traditionnelle

L’avantage de cette « chaîne du livre », c’est qu’à chaque étape les opérations nécessaires sont effectuées par des professionnels, garantissant (normalement) au lecteur en bout de chaîne des ouvrages de qualité.

L’inconvénient, c’est que, chacun de ces professionnels devant gagner sa vie, il ne reste que 5 à 15% du prix de vente de chaque ouvrage pour rémunérer l’auteur.


2. L’auto-édition

Avec les développements considérables, au début des années 2000, à la fois des formats de livres numériques et des techniques d’impression digitale « à la demande », le seuil d’entrée dans l’édition s’est considérablement abaissé: il devenait possible de n’imprimer que de petites quantités d’un livre, voire un seul à la fois. Voire pas du tout, avec l’édition numérique.

C’est Amazon qui a définitivement démocratisé l’édition en rachetant en 2005 Createspace, pour en faire son outil d’impression à la demande, en mettant sur le marché en 2007 son premier e-reader kindle, et en ouvrant son marché aux auteurs qui souhaitaient s’affranchir de la chaîne de l’édition traditionnelle. Pour la première fois, un auteur pouvait, s’il s’en sentait capable, faire lui-même (ou faire faire par des proches) la correction de son manuscrit, sa mise en page et/ou sa conversion en format numérique, la couverture de son livre et, cerise sur le gâteau, sa commercialisation.

chaîne du livre de l'auto-édition

Autour de ce nouvel écosystème créé par Amazon ont fleuri toute une série de plates-formes, proposant leurs services aux auteurs qui le souhaitaient, que ce soit pour les aspects techniques de la création des livres ou pour leur permettre de se raccrocher au réseau des librairies traditionnelles. Certaines pour un prix raisonnable, d’autres pour des montants nettement abusifs. Certaines allant jusqu’à s’approprier les droits d’auteur à la manière d’un éditeur traditionnel, sans pour autant assumer les mêmes fonctions que celui-ci. Quant aux libraires, la plupart sont restés très réticents par rapport aux « auto-édités », à cause de l’inégale qualité effectivement observée parmi ceux-ci, du fait de l’absence de contrôle par des professionnels aux différentes étapes.

Pour les auteurs choisissant ce mode d’édition, la tâche est évidemment plus ardue. En contre-partie, leur rémunération par exemplaire vendu peut monter, selon qu’ils ne travaillent qu’avec Amazon ou qu’ils optent pour un intermédiaire supplémentaire, de quelques pourcents jusqu’à 30 ou 40% du prix de vente.

Pour les lecteurs avides d’écrits sortant de l’ordinaire, les auto-édités offrent un choix nettement plus vaste que les productions des maisons d’édition. En effet, vu les frais engendrés par l’édition traditionnelle, un éditeur privilégie généralement des textes plus « mainstream », plus susceptibles de se vendre en grande quantité. Alors qu’un auteur auto-édité passionné pourra décider de mettre sur le marché un livre plus « niche ». C’est particulièrement vrai dans le domaine des livres de vulgarisation scientifique: si un livre est tellement spécialisé qu’il n’a que 10 lecteurs potentiels dans le monde, l’auto-édition lui permettra d’atteindre ces 10 lecteurs, alors qu’aucun éditeur ne pourrait se permettre de l’éditer.

Autre avantage pour les lecteurs: vu la suppression d’un nombre considérable d’intermédiaires, les auteurs auto-édités peuvent généralement pratiquer des prix de vente nettement plus bas que les éditeurs traditionnels. Le revers de la médaille étant évidemment que le lecteur devra, d’une certaine manière, se substituer à l’éditeur et au libraire pour sélectionner lui-même les textes qui, pour lui, auront de la valeur.


3. Le « circuit court » de l’édition

Pour l’auteur qui veut pousser jusqu’au bout le raisonnement, l’étape suivante est évidemment de s’affranchir de ces plates-formes via lesquelles il commercialise ses ouvrages. Que ce soit:

  • pour des raisons « morales », certains s’inquiétant de l’émergence de ces grands monopoles de distribution
  • pour avoir la possibilité de sortir du simple livre « dos carré collé à couverture souple »
  • ou, plus prosaïquement, pour augmenter ses revenus.

En effet, outre les commissions prises par chacune de ces plates-formes, les coûts de fabrication des livres peuvent également être réduits significativement en passant du modèle d’impression à la demande exemplaire par exemplaire à une impression, toujours à la demande, mais par 50, 100 ou 500 exemplaires par exemple. Mais ça, ça devient de l’édition à compte d’auteur, non? À l’importante différence près que, là où l’édition à compte d’auteur est une véritable arnaque lorsque l’éditeur qui la pratique, non seulement fait payer l’auteur, mais en plus s’approprie ses droits d’auteur, on parle ici d’un auteur qui souhaite rester seul maître à bord et, pour pouvoir vendre des livres brochés, doit au préalable les faire imprimer.

Le seul intermédiaire entre l’auteur et le lecteur est, dans ce cas, le service de livraison. Ici aussi, l’auteur qui décide de vendre en circuit court aura un meilleur contrôle des coûts de celui-ci.

circuit court de l'édition

En contre-partie, l’auteur devra assurer:

  • la réception des commandes
  • leur facturation
  • la logistique de l’envoi des colis, y compris les pertes et retours éventuels
  • sans parler de ses obligations fiscales.

Autant de tâches qui justifient le principe de la commission prélevée par les plates-formes de vente en ligne, même si le montant de ces commissions semble exagéré pour certaines.


Quelles sont les solutions à la disposition de l’auteur qui souhaite travailler en circuit court?

Blog d’auteur

La création d’un blog ou d’un site personnel est un excellent moyen d’accéder à l’autonomie pour ses ventes d’ouvrages. À condition d’être un peu débrouillard en informatique, ou d’avoir dans son entourage quelqu’un qui l’est, il est possible de créer gratuitement un site tout à fait correct avec WordPress et WooCommerce.

En l’absence de compétences, internet regorge de prestataires capables de le faire pour des budgets qui ne cessent de diminuer. À partir de 250€ pour certains, voire moins, ce marché étant de plus en plus concurrentiel.

Cette solution nécessitera néanmoins, outre l’investissement de départ, qu’il soit en temps ou financier, un suivi attentif à long terme:

  • opérations de maintenance pour assurer la sécurité du site et son bon fonctionnement
  • nécessité de l’alimenter régulièrement en nouveau contenu afin de maintenir l’intérêt des lecteurs.

Page Facebook

Une autre solution, moins technique, consiste à se créer une page d’auteur voire un shop sur Facebook. Gratuite et ne nécessitant que très peu de compétences techniques, cette solution permet aux lecteurs potentiels de contacter l’auteur en direct et de lui commander ses ouvrages.

Mais cette solution rebutera les lecteurs habitués à la facilité d’Amazon, ceux qui par principe sont anti-GAFA et ceux, de plus en plus nombreux, qui rechignent à confier à Facebook leurs données personnelles, a fortiori financières. Sans parler des paiements en Libra annoncés par Facebook.

Le « circuit court » version 3 hibouks

C’est à force de rechercher, pour chaque auteur, la meilleure stratégie éditoriale, que nous sommes arrivés à la conclusion qu’il manquait une solution facile, économique et robuste pour les auteurs qui ne souhaitent pas faire l’investissement d’un site personnel pour la commercialisation « directe » de leurs ouvrages. C’est pourquoi nous avons décidé d’héberger sur notre site une formule de « circuit court ». Concrètement, nous proposons aux auteurs qui le souhaitent:

  • la création d’une page dédiée à leurs ouvrages sur notre site
  • sur cette page, un formulaire permettra aux lecteurs de commander ces ouvrages de manière simple et rapide
  • la différence par rapport à toutes les autres plates-formes, c’est que le paiement des lecteurs ne transitera pas par notre compte, il sera versé directement (et intégralement) du compte du lecteur au compte de l’auteur
  • de la même manière, les informations introduites dans le formulaire de commande par le lecteur ne transiteront pas non plus par les 3 hibouks mais seront directement envoyées à l’adresse email de l’auteur.

À charge pour l’auteur d’assurer de manière professionnelle le suivi de ses commandes et de remplir ses obligations fiscales.

Page de vente de Captain, de Marc Juniat et Pierre Martinet, directement de l'auteur au lecteur, sans intermédiaire

Nous sommes heureux de proposer ce service pour un montant forfaitaire et unique (= à ne payer qu’une seule fois) de 30€ TTC. En développant cette solution, nous sommes convaincus de contribuer à la (re)prise du contrôle par les auteurs sur l’édition et la commercialisation de leurs œuvres, motivation qui nous anime depuis la création des 3 hibouks.


En conclusion, le meilleur choix

La meilleure stratégie éditoriale sera probablement différente pour chaque auteur: certains préféreront déléguer un maximum et seront ravis de travailler avec Amazon et/ou les plates-formes qui se sont greffées sur son écosystème, alors que d’autres préféreront maximiser leurs revenus en faisant un maximum eux-mêmes. Entre ces deux extrêmes, il existe une multitude de solutions intermédiaires.

Les solutions de circuit court présentées ci-dessus, qu’il s’agisse d’un site WordPress, d’une page Facebook ou de notre « circuit court », ne pourront pas, en tout cas dans l’immédiat, se substituer à Amazon, sous peine de manquer un nombre important de ventes en se privant de l’énorme visibilité de ce site. Par contre, elles en sont un excellent complément, permettant de maximiser les revenus des ventes:

  • aux proches de l’auteur, qui préféreront lui verser la totalité du prix du livre plutôt qu’en verser une partie à un intermédiaire
  • à ceux, de plus en plus nombreux, qui refusent par principe de donner leur argent ou leurs données personnelles aux GAFA.

En outre, en permettant le contact direct entre l’auteur et ses lecteurs, elles permettent à l’auteur:

  • de sortir du sempiternel livre « dos carré collé à couverture souple » en utilisant les alternatives proposées par d’autres imprimeurs, voire en adoptant une approche totalement artisanale
  • de personnaliser l’envoi, par exemple en dédicaçant son livre
  • de constituer une mailinglist de leads très qualifiés pour la sortie de ses ouvrages suivants (en faisant toutefois attention à rester dans les limites admissibles selon le RGPD).

Il s’agit donc d’une alternative très intéressante pour tout auteur désireux de maximiser ses revenus et/ou l’engagement de ses lecteurs.

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