En octobre 2011, l’IDPF publiait la spécification de l’ePub3. Le 26 juin 2014, une spécification 3.0.1 précisait certains points de sémantique et de compatibilité. Avec cette version de l’ePub, le livre numérique entrait dans une nouvelle ère: il devenait « plus » que la simple version numérique du livre papier.

Notre objectif n’est pas ici d’analyser en détail les innovations apportées par cette spécification. De nombreux articles ont déjà été consacrés à ce sujet.
De façon très partiale et pas du tout objective, nous voudrions juste présenter ce qui, selon nous, constitue les trois atouts majeurs du format ePub3.

Insertion de vidéo

La possibilité d’insérer des vidéos dans un livre numérique peut paraître incongrue. La vidéo ne risque-t-elle pas d’interrompre le fil de la lecture? Le livre numérique enrichi de vidéos ne risque-t-il pas de devenir un ersatz de vidéo, en moins captivant à cause des interruptions constituées par les parties textes? Ce questionnement est pertinent, il importe de ne pas abuser de la vidéo dans les ebooks.
Par contre, il existe des ouvrages dans lesquels la vidéo apporte une réelle plus-value au texte. Un bon exemple en est le livre « Mulholland Drive de A à Y… » de D. Dourdine Mak. Dans ce livre, l’auteur analyse, scène par scène, le très complexe film homonyme de David Lynch. Toute personne qui a déjà vu ce film sait à quel point il est déroutant. Bien que D. Dourdine Mak parvienne, avec un talent rare, à nous expliquer jusque dans les moindres détails même les scènes et les personnages les plus inattendus de ce film, l’insertion d’extraits vidéos des scènes principales offre ici un plus indéniable au texte:


Plus rien à envier à la « Gazette du sorcier » de Harry Potter! 😉

Interactivité grâce à SVG

Dans son livre « Design du livre numérique », Jiminy Panoz plaidait pour l’invention de nouvelles interfaces spécifiques au livre numérique, présentant ces innovations encore à venir comme un doux rêve pour l’avenir. Le support de SVG par l’ePub3 offre dès à présent cette possibilité, en permettant la création d’interfaces graphiques réellement innovantes.
Une bonne illustration en est donnée dans le domaine du guide touristique. Pourquoi la version numérique de votre guide devrait-elle reprendre le développement linéaire de son équivalent papier? Ne serait-il pas plus logique, et plus utile pour le touriste, de partir du plan de la ville ou de la zone décrite, et de permettre une lecture « géographique » des informations? C’est ainsi qu’est conçu le « Plan interactif de la Grand-Place de Bruxelles »: ce plan interactif s’ouvre sur le plan de la Grand-Place de Bruxelles. Le lecteur clique sur le bâtiment qui l’intéresse et est directement redirigé vers les informations spécifiques à ce bâtiment. Il a ensuite le choix entre un retour direct au plan, ou une circulation vers le bâtiment situé à gauche ou à droite de celui qu’il vient de consulter:


Ce plan interactif offre donc au lecteur une véritable visite privée du lieu.

Vulgarisation scientifique facilitée par canvas

Ces dernières années, la vulgarisation scientifique s’est prodigieusement améliorée, que ce soit sous forme de livres attrayants ou de films et documentaires plus variés les uns que les autres. Des émissions telles que « C’est pas sorcier » ont mis à la portée du grand public des pans entiers de la science moderne. Et il n’y a pas que les enfants qui se sont instruits grâce à ces émissions!
Y a-t-il alors une place spécifique pour le livre numérique dans ce marché déjà bien encombré de la vulgarisation scientifique?
La simple insertion de vidéos dans un livre de vulgarisation scientifique nous semble une pauvre réponse à cette question: comme déjà mentionné, la vidéo risque, à la fois, de faire perdre au lecteur le fil de sa lecture, tout en donnant, en fin de compte, un produit qui apparaîtrait comme un parent pauvre du film documentaire correspondant.
Par contre, la fonctionnalité canvas inclue dans l’HTML5 apporte une réelle plus-value au livre numérique de vulgarisation scientifique.
Dans « La lumière, c’est pas clair! », P. Van Leeuw en fait une utilisation à la fois simple et efficace, pour illustrer la signification physique de la notion abstraite de sinus:


Bien que la plupart des commentateurs minimisent l’intérêt de canvas en arguant du fait que, contrairement à SVG, il n’est pas vectoriel et ne peut donc pas s’adapter de façon dynamique aux changements de taille de la fenêtre où il s’affiche, cette critique ne fait que révéler le manque de connaissance de celui qui la formule, car canvas peut sans problème être paramétré en fonction de la taille de la fenêtre, moyennant un peu de codage.

* * *

Bien sûr, l’ePub3 supporte bien d’autres fonctionnalités intéressantes! Mais aux 3 hibouks, nous avons vraiment un faible pour les trois présentées ci-dessus.

Actuellement, seul iBooks les supporte impeccablement. Les diverses versions de Kobo les supportent avec plus ou moins de bonheur selon les cas. Espérons que les autres suivront, car les possibilités de développement sont vraiment enthousiasmantes! 🙂

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